jeudi 2 avril 2009

Une rencontre


Il y a au départ cette vision fugace :

Alice qui ne saurait accomplir sa traversée, et une affiche de papier qui symboliserait ce miroir infranchissable.


Une jeune fille brisée, qui forme avec un mur sourd, le partie pris esthétique d'une douleur portée aux nues.

Il faut avoir 16 ou 20 ans pour vivre cette réalité-là, il faut ce regard-là, ce déchirement qu'elle prend à bras le corps, apposant ses lèvres sur la bouche lisse, glacée ; griffant de ses ongles l'affiche, comme si l'amour allait enfin en émerger.

Un lien ambigu qui anime une rage animale, un secret organique et dévastateur qui seront finalement avoués.






La force symbolique de l'adolescente, en détresse dans une situation cul-de-sac, permet d'envisager au premier degré un désespoir vertigineux, et d'illustrer d'une façon sensible et sensuelle, la fragmentation nerveuse et le délitement physique d'un être, l'effondrement d'une innocence et de toute force vitale, pour en dégager une lente reconquête de repères, légitime et salvatrice.

Dépeindre les premiers élans concrets, balbutiants, entre une apprentie-femme, volatile, et la figure de l'homme immobile, inanimé.

Et de cette histoire fantasmée, fictive, impossible à faire naître dans le présent, uniquement nourrie de ses impulsions, de ses attirances et ses résignations pourrait émerger un équilibre souverain entre désir d'absolu et réel.




Seulement pour cela, le chemin sera dur à parcourir, comme pour nous, acteurs de ce film à toutes échelles, suspendues dans le vide, sans équivoque, pour courser cette Alice épileptique au pays de ses illusions, le lapin blanc sera notre caméraman et nous serons tous à l'heure.


Et c'est ainsi que nous est venu l'envie de donner une autre existence au film, en prenant le parti qu'en dévoiler peu à peu les coulisses n'en éventerait pas le mystère et insufflerait au contraire le désir de voir et de faire du cinéma.

Nous avons également ressenti le besoin de donner une existence propre aux personnages, de leur permettre d'évoluer à leur guise dans cet espace si propice à l'auto-fiction.

De ce voyage, ensemble, d'emblée nous vous annonçons que la musique sera provocante et créera le vertige, que les images seront d'une poésie brute, et que le film s'apparentera à une tragédie rock'n'roll.


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